Sous le Mohwa

Sous le Mohwa

MARCUS AQUILA - Fiche Personnage

MARCUS AQUILA

 


 

Je m'appelle Marcus Aquila. Flavia est la femme de mon grand frère, Flavius, qui est mort il y a douze ans, à Bononia (Boulogne-sur-mer) pendant la révolte des Francs, au service de Carausius qui n'était pas encore empereur à l'époque. C'était ma première guerre, je n'étais encore qu'Optio. Mon frère m'a fait promettre de prendre soin de Flavia comme si elle était ma véritable sœur. C'est lui qui lui a offert le bracelet qu'elle a perdu. J'étais avec lui quand il l'a acheté. C'est un vieux marchand égyptien (un compatriote) qui le lui a vendu pour vingt pièces d'argent. Flavius était tellement content ! Il n'était pas très riche, mais il adorait faire des cadeaux. C'est son épée que je porte aussi. Il avait dix ans de plus que moi.

 

Ce matin, je me suis levé à la première heure, comme d'habitude. J'ai fait des exercices pour assouplir ma jambe blessée, je me suis lavé et rasé, j'ai déjeuné, préparé mes ordres pour la journée et j'ai vérifié les comptes. J'ai rangé le coffre de la solde sur l'étagère en haut à gauche dans le Prétoire comme je le fais tous les jours (ce devait être la fin de la 3ème heure), puis je suis retourné dans ma chambre pour mettre mon armure et j'ai donné mes draps à Flavia qui passait avec la corbeille de linge. Après ça, je suis parti faire ma tournée d'inspection.

 

 J'ai réglé une dispute entre deux légionnaires qui jouaient aux dés (je les ai punis tous les deux), examiné le graffiti qui se trouve dans les thermes (Je ne suis pas sûr que ce soit un chat sauvage. C'est peut-être une vache poilue des Highlands) et signé l'inventaire des greniers après avoir vérifié que les sacs de blé n'étaient pas éventrés. Le temps que je fasse tout ça, c'était la 6ème heure. Je retournais au Prétoire quand j'ai trouvé Esca derrière la Caupona (cuisine) en train de tailler un bout de bois, la tête baissée. Je pensais qu'il était fatigué (il n'était pas encore couché hier tard dans la nuit quand je me suis mis au lit : je le sais car il dort dans la chambre d'à côté) mais en fait il était déprimé.

 

J'ai dû y travailler un peu, mais j'ai fini par lui tirer les vers du nez. Apparemment, le tribun Placidus l'a humilié hier en lui rappelant qu'il avait été esclave et en le traitant comme tel. Ça m'a mis en colère qu'Esca ne soit pas venu me le dire tout de suite ou qu'il ne lui ait pas répondu qu'il était un homme libre. Oui, il a été esclave, et alors ? Il ne l'est plus. Il ne va pas vivre tout sa vie comme s'il venait de se faire battre. Moi, je ne pourrais plus jamais marcher normalement et je n'aime pas ça non plus. Mais nous devons continuer à vivre et ça ne sert à rien de déprimer ! Il faut relever la tête et avancer !

 

Hum. Je crois que j'ai râlé tout fort, parce que Justine est venue nous demander pourquoi on se disputait.

 

En y repensant, je me demande ce qu'elle faisait dans ce coin. Ses vêtements étaient mouillés comme si elle était descendue patauger au fond du puits…

À la 7ème heure, je me suis rendu au triclinium (réfectoire) pour manger avec tout le monde. Valéria était assise à côté de moi et elle n'a pas arrêté de me rabattre les oreilles avec sa nièce. Je ne comprends pas pourquoi elle ne laisse pas Cottia tranquille. La pauvre fille a bien le droit d'aimer courir dans les bois ou de vouloir un loup apprivoisé, comme celui que mon frère avait (il s'appelait juste "Louveteau"). Je ne vois pas pourquoi il faudrait absolument la transformer en poupée romaine : c'est une princesse de la tribu des Iceni, après tout. Si elle veut passer son temps dans les écuries, ce n'est pas moi qui vais l'en empêcher. Je l'aime bien et je trouve qu'elle n'a pas besoin de changer.

 

Valéria avait l'air vraiment nerveux. Elle n'a pas arrêté de répéter qu'elle espérait que "cette après-midi, au moins" Cottia se tiendrait tranquille et qu'elle allait "tout fait pour ça". Je ne sais pas ce qu'elle avait prévu pour cette après-midi, par contre… ah, les femmes ! Je ne les comprendrais jamais, je crois.

 

En tout cas, quoi que Valéria avait de prévu, elle n'aura pas pu le faire avec toute cette histoire ! La pauvre Cottia a l'air très mal en point, quoi qu'en dise Justine. C'est vraiment une journée pourrie. Je n'arrive pas à croire qu'on ait pu empoisonner l'eau du fort et voler la solde. Je ne peux même pas imaginer qui pourrait faire une chose aussi malveillante !

 

Antonius m'avait prévenu, pourtant. On a discuté un grand moment après le repas (je crois que je me suis presque mis en retard pour ma deuxième tournée d'inspection de la 9ème heure). C'est vraiment un bavard, celui-là. Il m'a raconté qu'il y avait eu plusieurs vols audacieux dans des garnisons voisines et qu'il fallait que je méfie. Il avait l'air très content de lui. Apparemment César l'a félicité après l'arrestation d'Allectus et il a été richement récompensé. Il m'a dit de ne pas trop espérer, mais qu'il avait aussi parlé de nous et qu'il pensait que l'empereur nous enverrait un cadeau. Je n'y crois pas trop – avec l'aigle perdue, la Neuvième Légion est condamnée à rester synonyme de honte pendant des dizaines d'années…

 

Je ne suis retourné au Prétoire qu'à la dixième heure et c'est là que je me suis aperçu que le coffre n'était plus à sa place sur l'étagère. On voyait bien que quelqu'un avait fouillé ! Toutes les boîtes étaient dérangées et certaines étaient même cabossées comme si on avait essayé de les ouvrir par la force. Je me suis précipité tout de suite dehors pour faire fermer les portes afin d'empêcher le voleur de s'enfuir et c'est là que tout a commencé.

 

Oui, j'avais un ami qui s'appelait Cradoc. Il habitait dans un village picte assez loin du fort. On chassait ensemble. Et puis le druide est venu et Cradoc est devenu distant… jusqu'à ce qu'il nous attaque avec les autres révoltés. Vous savez comment ça a fini…

 



07/08/2017
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 31 autres membres