Sous le Mohwa

Sous le Mohwa

Trésors Mémorables

 

 

Vous vous souvenez, au BAFA, de ce trésor de barge que vous aviez concocté pour les examinateurs ? Vous étiez si fiers que vous l'avez pris en photo et mis sur Facebook.

Vous en avez marre des trésors-fins-de-jeux bâclés en paquets de bonbons vite achetés au supermarché du coin en même temps que votre sandwich pour la réunion d'unité ?

 

Faire "la totale" pour les enfants, comme au BAFA, que ce soit pour ça ou pour tout le jeu, ne vous coûtera pas plus de temps ou de travail qu'à l'époque, mais c'est l'assurance de revivre cette sensation de victoire en mille fois plus fort !

Une fois que vous aurez vu s'arrondir les yeux des loups en découvrant votre fabuleux trésor, vous saurez que ça vaut la peine – à chaque animation – de bosser comme un dingue pour les faire rêver.

 


 

 

L'OR DES INCAS

 

Ça commence mal, ce week-end-là.

 

Les vieux loups ne se sont pas concertés. Même si leurs thèmes sont différents, la veillée du samedi et le jeu du dimanche sont identiques : deux contrebandiers. Les enfants ne nous ratent pas et le remarquent aussitôt, ajoutant au malaise des chefs. L'après-midi commence au ralenti, démotivée.

 

Puis tout change.

 

Premier de retour de la Caverne des Incas, un louveteau dévale la pente du terrain de jeu de la "Maison du Rocher", haletant, et fait irruption dans le campement morose.

 

- "Les gars, les gars ! Le trésor ! Il faut que vous voyez ça !"

 

Intrigués, les autres le suivent.

 

Dix minutes plus tard, le jeu bat son plein – on ne peut plus l'arrêter – et les enfants ne se lassent pas de faire les allers-retours, les yeux scintillants d'excitation.

 

La Caverne des Incas est installée dans la Bergerie et le trésor y tient toute la place.

 

Des couvertures péruviennes et des fourrures sont étalées sur le sol et recouvertes de tonnes de pièces d'or en chocolat, pierres précieuses pralinées, billes chinoises miroitantes, coupes qui débordent de paillettes et les fameuses pièces de papier cuivré que les loups viennent y chercher pour les besoins de la cause.

 

Le Gardien est magnifique, tout de plumes multicolores vêtu, très imposant derrière ses énormes lunettes de soleil ailées et sous son poncho à rayures. Il a une grosse voix, ne vous laisse pas entrer dans la Salle aux Merveilles sans mot de passe et, de temps en temps, il est même très drôle.

 

A la fin de la journée, les enfants se partagent le butin et repartent avec les poches pleines de chocolat, pour leur plus grand délice.

Oui, d'accord, on a eu de la chance, c'était la période de Pâques, mais il fallait y penser.

 

Le trésor a été assemblé à peu de frais : chaque chef a amené un sachet de pièces en chocolat et un autre de chocolats emballés dans des papiers brillants (on en a eu pour 6 € chacun). A nous huit, on a eu vite fait d'en avoir assez pour compléter les billes chinoises qui restaient du camp. Il suffisait d'imprimer les pièces sur un joli papier doré au lieu d'un brouillon blanc, d'ajouter les vieilles coupes d'olympiades, de jeter par terre quelques tissus usés mais colorés récupérés dans la malle pédagogique, et le tour était joué !

 

Et puis, les costumes, quoi. Ne jamais sous-estimer les costumes.

 

 


 

LE SECRET DU CHÂTEAU DE TOURNOEL

 

Ce camp-là, on a fait fort. Notre château en carton d'émulation et notre histoire suivie collent au véritable château que les enfants sont allés visiter (le meilleur moment étant lorsque le guide annonce qu'il y a un passage secret et qu'on s'aperçoit que c'est le même que dans notre enquête !), les chefs ont mis un énorme coup de collier pour les costumes et les animations.

 

Le défi à l'arc pour récupérer les prisonniers a vraiment impressionné les enfants, les bannières fabriquées à l'aide de nos petits chevaliers étaient magnifiques et l'idée de confier un secret à l'une des tentes tout le long du camp a marché du tonnerre ! Petits et grands, tous les louveteaux ont eu leur place et cette année, aucun n'a été privé de costume par le manque d'imagination/temps/argent de ses parents : nous avons tout fait sur place, en en profitant pour travailler sur les gibiers.

 

Mais le meilleur moment restera la conclusion du banquet final. On s'est lavé les mains dans des bassins à l'eau parfumée avec des pétales de roses, on a mangé sur des tranches de pain "comme au Moyen-Age", le troubadour improvisé nous a fascinés avec ses jongleries, c'était génial. Et puis vient le moment de mettre en commun tous les indices rassemblés pendant le camp et de déchiffrer le vieux livre qui nous dévoilera l'emplacement du trésor des Tournoël et permettra à Tristan d'échapper à la tyrannie d'Aude de Murol.

D'après le message secret, le comte a enterré son or au pied de l'arbre "dont tombe le gland."

 

Les louveteaux foncent au passage secret (la porte qu'on ne les autorise pas à utiliser entre la salle de refuge et les sanitaires) et se rassemblent sous le chêne qui se dresse à côté de la maison. Ils y sont passés mille fois pendant le camp et la terre y est toute tassée.

 

Sous la bruine qui commence à tomber dans la nuit, les belles damoiselles de Tournoël lèvent leurs lanternes et le preux Tristan s'arme d'une pelle-bêche. Il creuse pendant quelques minutes et soudain… clang ! Tous les yeux se mettent à briller autour de lui et des chuchotements émerveillés s'élèvent. Encore quelques pelletées et le coffre en bois apparait, enfoui dans la terre humide comme un véritable trésor perdu.

 

Quand on l'ouvre, à la lueur des lampes de poche, c'est un cri de joie général. Le coffre est rempli de bonbons (emballés dans des sacs hermétiques), de pièces d'or en plastique, de coupes et de perles scintillantes, de quoi partager généreusement entre tous les chevaliers. On y trouve aussi le parchemin roulé qui permettra de bouter dehors l'envahisseur français.

 

Finalement, le contenu du trésor est très ordinaire, mais la mise en scène en aura triplé la valeur ! Cela valait la peine qu'Hathi sacrifie sa sieste pour enterrer le coffre le jour-même…

 

 


 

AU CŒUR DE LA TERRE

 

Ils ont passé tout le camp à la recherche de ce trésor, rassemblant des indices, se battant pour garder l'unique carte qui pouvait les mener au "terrestre cordum", quoi que cela puisse être. Avec les personnages, les louveteaux ont spéculé sur ce que cela pouvait être : un diamant, une arme secrète, une porte vers un nouveau monde… les imaginations se sont enflammées et, comme les chefs l'ont (sournoisement) prévu, la déception est immense lorsque ces voyageurs du XIXème siècle découvrent enfin la vérité : le cœur de la terre n'est autre qu'un vulgaire bout de caillou.

 

Mais l'aventure ne s'arrête pas là ! En repartant, Axel, le plus maladroit des personnages que nous avons accompagnés, se viande méchamment dans la pente et fait tomber le désolant bout de carton déguisé en rocher.

 

Des cris éclatent de partout ! "Père Loup, ça va ?" et aussitôt ensuite : "ooooh, regardez !"

 

Parce que le trésor aux apparences si misérables vient d'exploser en tombant et il s'est ouvert, déversant dans l'herbe des bracelets phosphorescents qui ne quitteront plus les bras des enfants jusqu'à leur retour à la maison : un souvenir inoubliable !

 

Quant à la vidéo de ce moment mémorable, elle sera visionnée des centaines de fois : on ne se lasse pas de la gamelle de Père Loup et de la stupéfaction ravie qui se peint soudain sur les visages.

 

C'était l'une des expériences d'animation les plus intéressantes que nous avons eu. Jusqu'au bout, le jeu aura permis d'enseigner quelque chose, comme par exemple ne pas se fier aux apparences ou être reconnaissant même si le cadeau ne nous plaît pas sur le coup…

 

Pour l'équipe de chefs, il aura simplement fallu investir dans une descente dans un magasin de bijoux de pacotille et un peu d'imagination pour concevoir le bout de charbon dans lequel cacher les bracelets, après avoir pris la décision de cette entourloupe pédagogique. Oh, et puis quelques pansements pour rafistoler "Axel" après sa cascade improvisée !

 

 


 

LES AUMONIERES DES VAINQUEURS DU TOURNOI

 

Pour ce tournoi, nous avons mis le paquet. Ce sont des olympiades en thème, alors les épreuves alternent entre défis sportifs et jeux d'adresse médiévaux véritables, tirés d'archives dûment étudiées par les chefs. Des oriflammes rouges et jaunes délimitent le terrain et battent au vent dans le soleil éclatant cette après-midi en Auvergne. Tous les jeunes chevaliers sont en costume, bien sûr, et lèvent haut les bannières à leurs couleurs en criant leurs devises : "Montrognon - Point de Victoire sans Courage !" ou "Châtel-Guyon - Courtois à chaque Pas !"

 

Chaque compagnie dispose d'un coin où se rafraîchir, avec des bancs pour encourager les copains ou pour s'asseoir pendant le duel entre Aude de Murol et Tristan de Tournoël, qui a lieu au moment du goûter.

 

Pas de quartier pour ces olympiades : si vous perdez, vous perdez. Si vous gagnez, vous gagnez. Pas de seconde chance, mais des épreuves variées qui permettent à chacun d'y apporter sa force, ce qui rend l'affaire d'autant plus passionnante.

 

A la fin, les trophées (des friandises dans des aumônières en tissu), sont distribuées en quantité croissante, des derniers aux seconds, ce qui apaise les déceptions sans toutefois amoindrir la valeur des succès. Mais la compagnie (sizaine) qui est première se voit remettre des aumônières en cuir, fermées par des lacets, qui contiennent des billes chinoises au lieu de bonbons. Le son sonnant et trébuchant de ces récompenses en intriguera plus d'un et les chefs, amusés, assisteront à de curieux arrangements : certains louveteaux préfèrent les friandises, d'autres les jolies pierres brillantes et tout le monde sera parfaitement heureux à la fin de la journée, après de multiples échanges !

 

J'ai été invitée récemment chez la mère d'un louveteau qui a maintenant une grande barbe blonde et qui étudie à l'université, et j'ai eu la surprise de découvrir que Pelage Affectueux – qui porte depuis un nom de sachem – avait toujours, accrochée au tableau au-dessus de son bureau… son aumônière en cuir du tournoi d'Auvergne. Il parait qu'il l'a gardée pour s'en servir de modèle pour faire des cadeaux.

 

Comme quoi, ça valait la peine de plancher sur le patron et de se piquer les doigts pour fabriquer ces récompenses !

 

 


 

L'ANKUS DU ROI

 

Cette après-midi-là, on tente le tout pour le tout pour faire comprendre aux louveteaux ce que signifie "la force du clan, c'est le loup, la force du loup, c'est le clan".

 

La meute a faim et trois groupes partent en chasse. L'un d'entre eux tombera sur Kala Nag qui lui enseignera que les hommes considèrent précieux l'or et l'argent, mais que ces choses ne peuvent remplacer l'amitié et la compassion, et qu'elles apportent souvent beaucoup de malheurs. Le second rencontrera Chil qui lui rappellera les maître-mots de la jungle, et lui répètera à quel point nous avons besoin les uns des autres. Le dernier, lui, découvrira l'antre du Cobra Blanc et le trésor inestimable que celui-ci garde : les enfants pourront se servir largement de ces richesses.

 

Nous ne leur dirons jamais qu'ils sont en "équipes" ni ne parlerons de gagner ou de perdre. Naturellement, dans les jeux en commun – traversée de la rivière, coup de main donné à Rikki et Darzee, etc. – les enfants se mettent en compétition.

 

Mais à chaque obstacle rencontré sur la route, les louveteaux qui se sont parés de bijoux, de perles et de couronnes (au grand dépit des deux autres groupes) sont désavantagés. On leur impose un handicap, en les laissant chercher seuls pour quelle raison ils doivent subir ce traitement injuste.

 

A la fin du jeu, la meute de nouveau rassemblée se rend compte qu'elle n'obtiendra le gibier qu'en mettant en commun ce que chaque groupe a gagné. Et là, c'est le drame. Soudain, ceux qui ont rencontré Kala Nag percutent et s'exclament : "il ne fallait pas toucher au trésor des hommes !" et ceux qui ont écouté Chil s'écrient : "on aurait dû leur dire, parce que la force du clan, c'est le loup et la force du loup c'est le clan !" Oui, mais c'est trop tard.

 

La leçon est comprise, cependant, et il faut voir à quelle vitesse les couronnes et les colliers de perles sont rendus au Cobra Blanc. Heureusement, Akéla et les autres vieux loups ramènent suffisamment de viande (un énorme et très moelleux gâteau au chocolat) pour nourrir toute la meute pendant que chacun s'exprime sur cette expérience cuisante : on aura d'excellentes discussions !

 

Jamais un trésor n'aura été aussi porteur de sens et c'était l'occasion rêvée de renverser les clichés, tout en puisant dans les histoires qui nous ont été léguées par Rudyard Kipling.

 

 


 

LA PORTE DES ETOILES

 

Ce n'est pas à proprement parler un trésor, mais l'anecdote est précieuse pour montrer à quel point s'investir "comme au BAFA" paye en fin de compte.

 

Notre thème à ce camp-ci, c'est Stargate SG-1 (adapté, évidemment !) et de fait les enfants sont équipés de t-shirts noirs sur lesquels ils ont eux-mêmes cousus leurs écussons de l'Agence Phoenix. Ils portent tous au cou un badge avec leur identifiant : leur nom, un numéro de code et leur grade (les sizeniers sont des lieutenants, par exemple). Ce badge est terriblement important car, sans lui, impossible de passer la Porte des Etoiles pour aller explorer d'autres planètes, chaque fois que l'ordinateur de bord reçoit un nouvel ordre de mission (les chefs se sont filmés et ont fait des montages vidéos avant le camp pour chaque accroche de jeu).

 

Cette année-là, les enfants prendront un soin tout particulier de leurs costumes, car la Porte, voyez-vous, existe vraiment. C'est un toboggan bleu que l'on a surélevé dans un arbre et autour duquel on a construit un tunnel de bâche bleue. Monter l'échelle et dévaler le toboggan pour changer de planète avant chaque jeu restera le moment que vous ne voulez manquer à aucun prix.

 

De l'autre côté vous attendent des extraterrestres, un parcours de faisceaux laser (de la laine rouge tendue entre les arbres) qui aura un succès inégalé, des planètes sur lesquelles on ne peut pas respirer sans un ballon "d'oxygène" accroché par une pince à linge à notre t-shirt, un conflit où le recyclage se révèlera l'ultime solution, une catastrophe atomique où penser d'abord aux autres en sauvera un plus grand nombre, et enfin un banquet interstellaire qui restera dans les annales avec ses spaghettis multicolores  et ses cocktails pétillants inventés par les enfants à grand renfort de limonade et de colorant alimentaire.

 

Cette année-là, personne ne traîne à l'écart. Il y en a pour tous les goûts et de quoi s'en mettre plein les yeux. Et quelle joie lorsque les enfants ne veulent plus partir à la fin du camp… Ça ne vous donne pas envie de travailler dur, tout ça ?

 



07/04/2016
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