Sous le Mohwa

Rentrée scoute 2005.

Deux cheftaines, désespérées par les louveteaux qui ne chantent pas pendant le Cercle du Feu (ils fredonnent du bout des dents ou bavardent entre eux, désintéressés), s'en plaignent à leur mère, Ponya, une animatrice de clubs d'enfants qui a une expérience de plus de quarante ans dans la rue et à l'école du dimanche.

Celle-ci est catégorique et les reprend sévèrement : "tous les enfants aiment chanter ! Si les vôtres ne sont pas motivés, c'est que le problème vient de vous et des chants que vous leur proposez."

Effectivement, quand on lui montre notre carnet (qui a été fait à partir de celui des routiers), elle fait la moue : ce sont des chants de groupe de jeunes et d'éclais. Il n'y a rien dedans d'adapté aux 8-12 ans.

Ensemble, elles compilent plusieurs recueils de chants d'enfants, anciens et nouveaux, sur CD ou sur K7, et rassemblent des rengaines louveteaux et des tubes de colonies chrétiennes.

Ponya nous donne aussi des trucs et astuces pour le moment de chants :

- Ne mettre qu'une seule personne devant les enfants, pour faire chanter (sans quoi leur attention est trop distraite et ils se perdent).

- Chanter avec assurance, utiliser des gestes clairs qui aident à se souvenir des paroles, avoir l'air (être) convaincu et enthousiasmé par ce que l'on chante.

- Afficher les paroles sur un paper-board pour que tous les yeux soient levés et dirigés vers le même endroit (ça évite qu'ils se dispersent ou s'occupent dans leur coin)

- Créer des aides-visuelles : jolies ou drôles, les enfants s'y attachent et réclament leur préférée au moment des chants, ce qui les implique et les motive pour chanter.

- Pour leur apprendre un chant, le prendre par une ou deux phrases, en articulant beaucoup. Faire répéter ce morceau 3 ou 4 fois jusqu’à ce qu’il soit compris, articulé et chanté correctement. Rajouter au fur et à mesure d’autres phrases en répétant la même méthode à chaque nouveau morceau. Bien insister sur les passages difficiles.

Et le plus important, vérifier que les enfants ont compris toutes les paroles du chant et pourquoi ils chantent cela.

Elle nous rappelle aussi qu'il ne faut pas avoir peur de passer du temps sur un chant : c’est quelque chose qui restera dans l’esprit des enfants même dans plusieurs années, et ça les aidera aussi à retenir des versets bibliques. Quand ils seront en difficulté, les refrains leur reviendront et les encourageront – eux, et leurs familles.

En janvier 2006, on teste le carnet.

Miracle ! Du jour au lendemain, les enfants deviennent de vrais petits rossignols.

C'est prouvé, les chants spis doivent être adaptés à la tranche d'âge. On intitule le recueil "Carnet de Père Loup", parce qu'à l'époque, le chef qui porte ce nom est un musicien capable de trouver en quelques minutes les accords à la guitare de n'importe quel chant d'enfant que vous lui fredonnez.

Le nom est resté et, des années plus tard, la liste n'est pas démodée.

Chants de marche, chants spis, chants accompagnés de gestes, chants dans une autre langue, comptines scoutes et rengaines du soir… nous sommes très fiers du "Carnet de Père Loup" à Valence.

Je ne pourrai pas le poster sur le blog car les chants appartiennent à différents compositeurs, mais je peux en revanche vous l'envoyer par email, à condition qu'il ne soit imprimé que pour les besoins de votre meute – en un ou deux exemplaires maximum.

Alors faites l'acquisition d'un paper-board, enregistrez sur votre MP3 quelques chants faciles ou retrouvez les tubes de votre enfance à l'école du dimanche, et lancez-vous ! Vous assisterez à la même métamorphose.

Et courage ! Personne n'aime être seul debout devant eux pour entonner. Mais si les enfants vous aiment, ils vous suivront avec ardeur, quelle que soit la note, croyez-en l'expérience d'une cheftaine qui chantait comme une casserole…